mardi 26 novembre 2013

In vino spumoso véritas ?

Créé au Québec par Christine Renaud, il ne s'agit pas d'un nouveau produit de l'agro-alimentaire, mais d'un mode de reconstruction de relations de proximité à partir d'un média décentralisé.
L'efficience et la pertinence que peuvent avoir les interactions "par paire" mises en avant m'ont rappelé ce qui se passait aux bars de la fac quand j'étais jeune.

Dans les amphis, nous nous regroupions en sachant (plus ou moins) ce que nous venions apprendre. 
Dans un bar, même si ce n'est pas ce que l'on est venu y chercher, on apprend souvent des choses passionnantes, dans des domaines quelquefois inattendus :
- J'lui trouve un gout de sérendipité
- Y'en a !*
La condition est de se donner la peine de défaire l'écheveau de discussions de comptoir.

Plus tard, on retrouve les mêmes interactions autour de la machine à café, du distributeur de boissons fraîches ou des volutes de fumées de cigarettes qui se fraient un chemin entre les gouttes de pluie arrosant le coin de parking gracieusement alloué aux fumeurs... 

Christine Vaufray nous demandait un exemple. J'ai trouvé le mien dans le souvenir d'une situation plus politiquement correcte:
L'été dernier, après deux ans de travail intensif, je profitais de mes vacances pour faire un peu de sport dans la canicule de Chambéry. 
Profitant d'une pose, j'engageai la conversation avec un autre pratiquant.
J’en oubliais de surveiller le distributeur dont j’attentais qu'il me serve un salvateur breuvage à bulles qu'un certain Bond refuse, et pour cause,  de voir agité dans son cocktail favoris.

Et là, Baboum! La boite tant attendue nous fait tout deux sursauter tant l'impact de sa chute est bruyant. (J'aurais bien illustré ce sursaut synchronisé avec un dessin d'Edika, mais n'en ai pas trouvé)

Passée la surprise, nous poursuivions notre conversation lorsque je commis l'erreur d'ouvrir nonchalamment la boite. Vous imaginez la suite...

 Alors forcément, je peste contre cette foutue technologie, qui au 21ème siècle, faisant fi du potentiel explosif de la chose,  reste incapable de déposer délicatement une boite de soda.
Au lieu de cela, on devrait continuer à se faire des angoisses à la Yves Montant lors de chaque ouverture de boisson même garantie sans nitroglycérine.

Et c'est à ce moment là que mon interlocuteur, le sourire en coin devant ma diatribe contre les aberrations de l'évolution technologique de notre monde, s’apprête à me faire entrevoir les insondables ressources d'adaptation de l'espèce humaine face à la jungle technologique.

Il propose de m’offrir la même boisson et me montre ça :



Bluffé, je savoure (dans un chandail qui aurait pu rester impeccable) un soda devenu, il est vrais, un peu plat.

Un bel exemple d’apprentissage par l'expérience qui montre au moins qu'une situation déclenchante peut avantageusement remplacer une situation prétexte pour entrer dans un processus d'apprentissage.
Je me demande toutefois où sont passée les bulles.

Les témoins s'en mêlent, renouvellent l'expérience donnant naissance à un véritable débat d'idées ou les hypothèses de physico-chimie les plus audacieuses sont avancées pour expliquer le phénomène. 
Sans le savoir nous voila tous dans une dynamique de croisement des représentations et connaissances autour d'une question: 

 "Qu'est ce qui se passe donc dans cette obscure boite ?"

Tout cela rappelant étrangement un processus d'apprentissage social proche du modèle allostérique de A. Giordan.

Au bout du compte, les hypothèses appelant des validations expérimentales, cette journée a du constitué un pic inexplicable des ventes de cette machine.

Il nous manquait juste un expert pour trancher sur la question. 
Faute d'en avoir un sous la main, je me suis penché sur les phénomènes de saturation d'un gaz dans un liquide sous pression. 
Messieurs Henry et Mariotte m'ont permis d'échafauder un scénario qui me semble satisfaisant:
- Avant la chute, il y a équilibre de saturation du Co2 dans la boisson (en gros, le gaz est dissout dans le liquide, sans faire de bulles comme on l'observe dans une bouteille transparente)
- Au moment du choc, l'équilibre de saturation est rompu. Des bulles se forment dans le liquide, le volume de gaz contenu augmente entraînant une élévation de la pression interne.
Si on ouvre la canette, la pression chute d'un coup, le volume des microbulles en suspension dans le liquide va brusquement augmenter. De plus, le passage en sursaturation favorisera l’ébullition.
- Si on frappe sur la boite, on "aide" le liquide en état de sous saturation (moins de gaz dissout, pression plus élevée) à absorber une partie du gaz évacué par le choc. Les bulles dans le liquide vont, soit se dissoudre, soit rejoindre la poche de gaz. La pression diminue (limitant le choc de dé-saturation) et les microbulles prêtes à augmenter de volume dans le liquide lors de l'ouverture sont en grande partie éliminées.

Je pencherais sur la prépondérance des microbulles en suspension, mais bon, je ne suis pas physicien…
Donc, en attendant d'en trouver  un au bar du coin (ou sur e-180), si quelqu'un connait le phénomène exact on en apprendra tous un peut plus par média socio-décentralisé...


Quoi qu’il en soit, quelque chose me dit qu'il est possible de sauver les bulles....
* Audiard et Lautner me pardonneront cette petite parodie émanant de ce qui occupe les pensées de bien d'entre nous cette semaine.

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